Aujourd’hui, on continue notre exploration des grooves funky avec un nouvel ajout à notre playlist : le Funky Drumming #4.
Ce quatrième groove a une particularité : il introduit une interprétation ternaire, ce qui va insuffler du swing dans notre rythme et lui donner cette saveur typique du funk et du soul. La notion de ternaire est essentielle pour créer ce groove sautillant et dynamique qui fait danser, un peu comme dans des titres légendaires comme « Get Up – Sex Machine » de James Brown ou « Superstition » de Stevie Wonder.
Interpréter le ternaire sur une partition binaire
L’un des éléments clés de ce groove funky est l’introduction du swing ternaire. Vous allez rapidement remarquer que, même si la partition est notée en binaire, il faut en fait l’interpréter en ternaire pour obtenir le fameux groove funky, un peu « sautillant », qui donne envie de bouger. Mais comment faire cette interprétation ternaire sur une écriture binaire ?
La clé, c’est de penser en sextolet. Un sextolet consiste à jouer six doubles croches par temps, ce qui divise chaque temps en trois parties. Dans ce groove, cela signifie que chaque double croche se lit de manière ternaire, créant un effet de balancement qui est crucial dans les styles funk et soul. En fait, si vous comptez en ternaire, chaque tempo sera « rempli », ce qui donne ce ressenti swingé qui fait toute la différence.
Astuce pour ressentir le ternaire
Si vous avez du mal à ressentir cette différence, essayez de chanter le motif. En binaire, cela pourrait donner un simple « TITI TIC » sur trois temps, mais en ternaire, vous allez plutôt ressentir un « TI TITIC » où le balancement se fait sur le 1ère, 3ème et 4ème double croche du sextolet. Ce léger ajustement change complètement la texture du groove, le rendant bien plus funky et dansant.
Construction du groove : démarrer par le charley
Pour poser la base de ce groove, on commence par travailler le charley. C’est lui qui va driver l’ensemble du rythme et donner ce fameux balancement ternaire. Le charley joue un motif régulier en trois doubles croches, mais interprété de manière ternaire, ce qui signifie que chaque coup est placé sur la 1ère, la 3ème et la 4ème double croche du sextolet.
Ce placement unique du charley est ce qui va guider l’ensemble du groove et donner ce swing irrésistible qui caractérise le style funky. Pensez au charley comme au moteur de votre groove : il doit être régulier, dynamique, et surtout « sautillant ».
Travailler le ternaire sur le charley
Avant d’ajouter d’autres éléments, prenez le temps de vous familiariser avec ce motif au charley. Travaillez-le lentement pour bien ressentir chaque subdivision et assurez-vous que le rythme « saute » comme il le doit. Une astuce pour bien intégrer cette pulsation ternaire est de chanter le motif en rythme, en vous concentrant sur le placement des doubles croches.
En pratique, cela revient à jouer un « TITITIC » avec un léger accent sur le premier « TI » pour bien ancrer le rythme. Si vous sentez que votre charley devient trop droit ou trop linéaire, c’est probablement parce que vous glissez vers une interprétation binaire. Concentrez-vous sur le balancement et le placement ternaire pour bien faire ressortir le groove.
Ajouter la caisse claire et les ghost notes
Une fois que le charley est bien en place avec ce swing ternaire, passons à la caisse claire, qui va structurer le groove en marquant les temps forts. Le motif de caisse claire est relativement simple : on joue sur les temps 2 et 4, ce qui apporte la stabilité et l’ancrage rythmique caractéristiques du funk.
Mais ce n’est pas tout ! Pour ajouter un peu de subtilité, on incorpore une ghost note sur la dernière double croche du 2ème temps (qui correspond à la 6ème double croche de notre sextolet). Cette petite note fantôme va accentuer le swing et donner un peu plus de relief au rythme sans casser la fluidité du groove.
Conseils pour jouer les ghost notes
Les ghost notes doivent rester légères, presque chuchotées. Leur rôle est de « remplir » le groove et d’ajouter du mouvement sans détourner l’attention des frappes principales. Pour bien réussir ces ghost notes, gardez un toucher léger et laissez la baguette rebondir naturellement sur la peau. Cela permet d’obtenir un son doux qui s’intègre bien dans le flow ternaire du groove.
Pensez à cette section comme un jeu entre les temps forts de la caisse claire et les ghost notes qui ajoutent des détails subtils. La caisse claire doit garder une énergie fluide et groovy, en étant ferme sur les temps forts, mais plus douce et discrète pour les ghost notes.
Le défi de la grosse caisse :travailler la progression
Dans ce groove, la grosse caisse joue un rôle essentiel pour donner du relief et renforcer le balancement ternaire, mais c’est aussi l’élément le plus exigeant. Pour bien intégrer la grosse caisse, nous allons la travailler progressivement, en ajoutant les frappes petit à petit pour faciliter l’assimilation de chaque partie du rythme.
Commencer par le 1er temps
On commence en plaçant la grosse caisse sur le 1er temps. Ici, le charley et la grosse caisse tombent ensemble, ce qui permet de renforcer le démarrage du rythme. Ce placement aide à ancrer le groove tout en restant simple, vous permettant de vous concentrer sur la coordination avec le charley.
Ajouter deux frappes sur le 3ème temps
Une fois que ce premier placement est bien en place, on ajoute deux frappes supplémentaires sur le 3ème temps : une sur la 3ème double croche et une autre sur la 6ème double croche du sextolet. Cela introduit un défi supplémentaire de synchronisation avec le charley, et ces deux frappes apportent une dynamique qui commence à remplir le groove de manière plus complexe.
Répéter le motif sur le 4ème temps
Enfin, pour compléter le rythme, on va répéter le même motif que sur le 3ème temps, mais cette fois sur le 4ème temps. Ce dernier ajout apporte une boucle rythmique intéressante, car lorsque vous revenez au début de la mesure, cela crée un double coup en enchaînant les frappes de la fin et du début. Ce double coup donne un effet de rebond et un retour percutant qui est typique des grooves funky.
Conseils pour maîtriser la grosse caisse
La grosse caisse nécessite une concentration et une réactivité accrues. Travaillez chaque ajout progressivement, en boucle, pour bien ancrer chaque frappe dans la structure ternaire. La transition entre les temps 3 et 4, en particulier, demande de la précision pour que le groove reste fluide.
Gardez toujours en tête le balancement ternaire, et assurez-vous que chaque coup de grosse caisse s’intègre harmonieusement avec le charley et la caisse claire. Une fois que vous sentez que chaque élément est en place, commencez à enchaîner le rythme complet pour ressentir la puissance de ce groove funky.
Construire le groove complet par séquences de deux mesures
Une fois que vous avez travaillé chaque élément séparément – le charley, la caisse claire avec les ghost notes, et la grosse caisse – il est temps d’assembler le tout pour créer le groove complet. Mais au lieu de tout enchaîner d’un coup, je vous conseille de progresser par séquences de deux mesures. Cette méthode rend le travail plus fluide et vous aide à intégrer chaque partie du groove dans un contexte musical.
Construire le groove lentement
Commencez par enchaîner le groove sur deux mesures à un tempo lent. À cette vitesse, vous pouvez vous concentrer sur la coordination et vérifier que chaque élément est bien en place. Assurez-vous que le charley garde son balancement ternaire, que la caisse claire marque les temps forts, et que la grosse caisse apporte sa dynamique sans perturber le rythme.
Ajouter des séquences progressivement
Travaillez ensuite par séquences de deux mesures, en ajoutant les différents éléments l’un après l’autre. Cela vous permettra d’appréhender le rythme sans vous sentir submergé par la complexité du groove complet. Une fois que vous maîtrisez deux mesures, enchaînez plusieurs séquences de deux mesures pour créer une boucle continue.
Jouer le groove en boucle
Quand chaque partie est bien en place et que les transitions sont fluides, essayez de jouer le groove en boucle sur plusieurs mesures. Cela vous aidera à développer une endurance rythmique et à ressentir pleinement le balancement ternaire du groove. La répétition vous permettra aussi de travailler les petites nuances et d’apporter du relief à votre interprétation, en accentuant certains coups ou en variant légèrement l’intensité.
Varier l’intensité et les accents
Dans un groove ternaire comme celui-ci, l’intensité et les accents font toute la différence. N’hésitez pas à accentuer légèrement les temps principaux (par exemple, le 1 et le 3), tout en gardant le reste du rythme plus léger. Cela donnera une pulsation bien marquée tout en conservant le swing et la légèreté des ghost notes.
Inspirations funk-soul : pourquoi le ternaire est essentiel
Comprendre et maîtriser l’interprétation ternaire est fondamental pour tout batteur qui souhaite s’approprier le style funky et soul. En effet, bon nombre des grooves les plus emblématiques de ces genres sont joués avec un balancement ternaire, qui apporte un swing naturel et un groove irrésistible.
Des morceaux comme « Get Up – Sex Machine » de James Brown ou « Superstition » de Stevie Wonder sont de parfaits exemples de l’efficacité du ternaire dans le funk. Ces grooves font danser et bouger les foules depuis des décennies, et c’est en grande partie grâce à ce subtil balancement ternaire. Ce style de rythme ajoute une dimension « vivante » qui donne à la batterie un rôle central dans le groove et l’énergie du morceau.
Le secret du groove : accents et remplissages
Un des secrets pour bien jouer en ternaire, c’est de marquer les coups principaux avec assurance tout en laissant les remplissages et ghost notes apporter du swing. Pensez à jouer les temps forts avec précision et intention, pour donner une assise au groove, et laissez les doubles croches et les ghost notes remplir les espaces et créer la magie du ternaire.
Le ternaire dans le funk et le soul n’est pas seulement un effet de style, c’est une véritable signature rythmique qui donne corps et profondeur à la musique. En maîtrisant cette interprétation, vous pourrez donner à vos grooves un relief et une souplesse uniques, et vous vous sentirez plus libre pour expérimenter et varier votre jeu.
Conclusion
Voilà, vous avez maintenant toutes les clés pour jouer ce Funky Drumming #4 en apportant du swing et une touche de ternaire à votre groove. En travaillant ce rythme pas à pas, vous allez renforcer votre maîtrise rythmique et apprendre à interpréter le binaire en ternaire, une compétence essentielle pour tout batteur de funk et de soul.
N’oubliez pas, la patience et la régularité sont les meilleurs atouts pour progresser. Prenez le temps de bien sentir chaque élément du groove et de le faire tourner en boucle jusqu’à atteindre une fluidité parfaite.